VIET NAM 30 avril 1975 - 30 avril 2005: bilan de 30 ans de joug communiste
Fiche sur le Viêt-Nam
Superficie : 333 000 km2
Population : 83,535,576 (estim. juillet 2005)
Langue : vietnamien
Nature de l'Etat : régime gouverné par le parti communiste vietnamien
Fournisseurs d'accès privés : oui
Internautes : 1 500 000 Internautes
Cyberdissidents emprisonnés: 5
Capitale: Ha-Nôi
Chef de l'Etat : Tran Duc Luong (depuis le 24.09.97)
Premier Ministre: Phan Van Khai (depuis le 25.09.97)
Secrétaire général du parti : Nong Duc Manh
Les communistes vietnamiens fêtent ce samedi le 30e anniversaire de leur victoire sur le Sud.
Que s'était-il passé durant ces 30 ans de joug communisme ? Petit tour d'horizon:
DROITS DE L'HOMME BAFOUES
Avec la vague de tourisme qui déferle au Viêt-Nam, dernier must des catalogues touristiques, on a tendance à oublier que des personnes moississent en prison, au Viêt-Nam pour avoir lutté au nom de la liberté et de la démocratie.
Heureusement qu'Amnisty International et Reporters sans frontière sont là et qui veillent au grain.
Rapport annuel 2004 sur le Viêt-Nam de Reporters sans frontières
Malgré la libération de deux dissidents (le docteur Nguyen Dan Que et le journaliste Nguyen Dinh Huy) le 02.02.05, Reporters sans frontières rappelle que 3 autres dissidents - Nguyen Vu Binh, Pham Hong Son et Nguyen Khac Toan - sont toujours derrière les barreaux pour avoir simplement critiqué l'action du gouvernement sur Internet. « En moins de 8 mois, les autorités vietnamiennes ont libéré 4 des 7 cyberdissidents arrêtés, ainsi que le dernier journaliste emprisonné. Pourtant, dans le même temps, elles ont brutalement repris en main une partie de la presse en ligne parce qu'elle se faisait l'écho du mécontentement populaire. On ne peut donc pas encore interpréter ces libérations comme un signe d'assouplissement du régime envers la liberté d'expression », a déclaré Reporters sans frontières.
Les 2 dissidents libérés:
Le docteur Nguyen Dan Que: avait été arrêté le 17.03.03. Ardent défenseur de la liberté d'expression, il avait déjà passé plus de 18 ans en prison entre 1980 et 1998. Il avait publié peu avant son incarcération un communiqué dans lequel il dénonçait le manque de liberté de la presse dans son pays. Nguyen Dan Que avait été condamné, le 29.07.04, à 30 mois de prison par un tribunal de Saigon. Il n'avait pas été autorisé à prendre un avocat.
Nguyen Dinh Huy, 73 ans: avait été arrêté, le 17.11.93, après avoir demandé l'autorisation d'organiser une conférence sur la démocratie à Saigon. En avril 1995, il avait été condamné à 15 ans de prison pour avoir tenté "de renverser le gouvernement du peuple".
Les 2 cyberdissidents et le journaliste encore en prison:
Nguyen Khac Toan, homme d'affaires et ancien officier de l'armée, a été arrêté, le 08.01.02, dans un cybercafé de Ha Noi. Il a été accusé d'avoir envoyé des informations par courrier électronique à des organisations vietnamiennes de défense des droits de l'homme en exil, jugées « réactionnaires » par le gouvernement. Reconnu coupable d'espionnage, il a été condamné, le 20.12.02, à 12 ans de prison et 3 ans de résidence surveillée. Depuis quelques mois, il lui est interdit de quitter sa cellule pour le punir car il aurait tenu des propos "insolents".
Pham Hông Son, médecin et responsable d'une firme pharmaceutique, est emprisonné depuis le 27.03.02 pour avoir traduit et diffusé sur Internet un article intitulé " Qu'est-ce que la démocratie ? ", extrait des pages du site de l'ambassade des Etats-Unis au Viêt-Nam. Auparavant, il avait écrit plusieurs articles favorables à la démocratie et aux droits de l'homme, publiés sur des forums de discussion vietnamiens. Il a été condamné, le 18.06.03, à une peine de 13 ans de prison pour « espionnage » et à 3 ans de placement en résidence surveillée par la cour populaire de Ha Noi. Le 26.08.03, sa peine a été réduite en appel à 5 ans d'emprisonnement et 3 ans de résidence surveillée. Il souffre d'une hernie inguinale. Cette tumeur de la région de l'aine pourrait s'avérer mortelle en l'absence d'une intervention chirurgicale. Or, le cyberdissident ne reçoit aucun traitement et a en outre été transféré, en septembre 2004, dans un centre de détention éloigné de Ha Nôi, où réside sa famille.
Nguyen Vu Binh, ancien journaliste d'une publication officielle du Parti communiste vietnamien, Tap Chi Cong San (Les revues communistes), a été arrêté le 25.09.02. Il est notamment accusé d'avoir publié sur Internet des textes à « caractère réactionnaire », notamment un essai intitulé « Réflexion sur les accords frontaliers sino-vietnamiens », dans lequel il critiquait un traité conclu entre la Chine et le Viêt-Nam en 1999. Il a été condamné le 31.12.03 à 7 ans de prison et 3 ans de résidence surveillée. Sa sentence a été confirmée en appel le 05.05.04.
LIBERTE DE CULTE SOUS SURVEILLANCE
Les communistes vietnamiens ont noyauté la hiérarchie de tous les cultes. Ainsi ils ont créé de toute pièce une église catholique et une église bouddhiste d'état.
Le bouddhisme
Le bouddhisme est la religion de la majorité des viêtnamiens. Leur patriarche est en résidence surveillée dans le Centre du Viêt-Nam depuis 23 ans.
Depuis 1982, date à laquelle il a été condamné à l'isolement en résidence surveillée dans la province du Quang Ngai, aucune personne ou association n'avait encore été autorisée à rendre visite au patriarche de l'Eglise bouddhiste unifiée, le vénérable Thich Huyên Quang, pas plus les journalistes étrangers que les associations internationales, comme la Croix-Rouge ou d'autres organismes humanitaires. Cet isolement a été rompu le 02.12.99 par la visite du premier sous-secrétaire à l'ambassade des Etats-Unis à Hanoi, David Young, qui, en compagnie d'un interprète, est venu rencontrer le religieux bouddhiste dans sa résidence surveillée du Quang Nam.
Les propos tenus par le religieux lors de son entretien avec le diplomate américain n'ont pas ménagé la politique religieuse du gouvernement. En effet, après quelques questions concernant la santé du religieux qui souffre de rhumatismes et d'un ulcère à l'estomac et ne peut consulter un médecin et se soigner qu'avec difficulté, le sous-secrétaire d'ambassade a aiguillé la conversation sur la situation du Bouddhisme unifié au Viêt-Nam et sur ses rapports avec l'Etat.
Dans sa réponse, le religieux s'est appliqué d'abord à souligner la différence entre l'Eglise bouddhiste unifiée et l'Eglise bouddhiste du Viêt-Nam, Eglise créée et administrée sous le patronage du Front patriotique. Selon lui, la première s'appuie sur une tradition de vingt siècles de bouddhisme et a unifié en elle toutes les branches du bouddhisme vietnamien. Elle est fondée et fonctionne à partir de la base, à savoir la majorité de la population du Viêt-Nam. Sa hiérarchie s'appuie sur cette base. C'est tout le contraire pour l'Eglise bouddhiste du Viêt-Nam récemment fondée, en 1981, à l'initiative de l'Etat. Elle est dénuée de légitimité aussi bien historique que populaire. Composée essentiellement d'une superstructure hiérarchique, la population n'y a aucun représentant et en est absente.
Soulignant que le premier voeu qu'il formulait pour son pays était d'y voir advenir la liberté en tous les domaines, le vénérable Thich Huyên Quang a précisé sa conception des rapports de l'Eglise et de l'Etat. "Mon opinion, a précisé le religieux, est que la religion n'a pas à intervenir dans les affaires du gouvernement, mais que celui-ci doit également se garder de toute intervention dans les affaires intérieures des religions". Ce n'est pas le cas au Viêt-Nam, selon le religieux qui affirme qu'il n'y a pas aujourd'hui de liberté religieuse dans le pays et que chaque nouveau décret sur les activités religieuses fait perdre aux religions une de leurs libertés élémentaires.
En novembre 1981, l'Eglise bouddhiste unifiée fut, sur l'initiative du gouvernement, supplantée par l'Eglise bouddhiste du Viêt-Nam qui, selon les termes mêmes de sa charte, était seule habilitée à représenter le bouddhisme vietnamien. Thich Huyên Quang protesta aussitôt contre cette création. Au mois de février 1982, il fut arrêté et "une mesure administrative" prise par la municipalité de Saigon lui signifia son exil. Thich Huyên Quang était relégué dans la province du Quang Ngai au Centre du Viêt-Nam, et Thich Quang Dô, conduit au Nord du Viêt-Nam dans la province de Quang Binh. Le 03.05.92, malgré le refus du gouvernement de lui accorder le droit de quitter le lieu de son exil, il vint assister à Huê aux obsèques de son confrère Thich Dôn Hâu, à qui il devait succéder. De retour dans sa résidence surveillée dont il devait changer en décembre 1994, il n'a cessé de diffuser dans le monde entier ses protestations contre la répression exercée contre son Eglise.
Le catholiscisme
Le catholicisme, avec son organisation structurée et le soutien que lui apporte le Vatican, fait l'objet d'une surveillance toute particulière. Le pouvoir communiste contrôle les candidatures au séminaire, favorisant les «prêtres-patriotes», et veille au contenu des sermons. Certains prêtres ont été assignés à résidence parfois jusqu'à trois ans pour avoir mentionné en chaire la question des droits de l'Homme.
Mais si les attaques à l'encontre du bouddhisme et du catholicisme provoquent de vives réactions internationales, celles affectant des religions marginales, comme le caodaïsme ou le bouddhisme Hoa Hao (une secte), passent inaperçues.
Depuis une dizaine d'années, le Viêt-Nam connaît une montée spectaculaire du sentiment religieux: pagodes, églises et temples sont bondés. Comme si ce regain de spiritualité venait combler le vide idéologique laissé par la perte de crédibilité du marxisme-léninisme. «Ils ne peuvent tolérer aucune organisation religieuse qu'ils ne contrôlent pas. Ils n'accepteront jamais de véritable liberté de religion, mais seulement le catholicisme ou le bouddhisme patriotiques», commente le dissident Nguyen Dan Que.
INTERNET SOUS SURVEILLANCE
Arrestations de cyberdissidents, blocage de l'accès aux sites jugés "politiquement ou culturellement incorrects", contrôle des courriers électroniques… bien que peu développé, le Réseau est toujours sous la coupe du Parti communiste. Le gouvernement d'Hanoi semble reproduire à la lettre le modèle chinois de contrôle du Réseau.
Le Viêt-Nam reste l'un des Etats de la planète les plus répressifs à l'encontre des cyberlibertés. L'un des principaux freins au développement du Réseau : les prix élevés des connexions et des communications. Cependant, les connexions à Internet sont de plus en plus nombreuses dans les universités, et le nombre de cybercafés croît très rapidement.
Mais le leader des cinq fournisseurs d'accès, publics ou semi-publics, Vietnam Data Communications (VDC), qui comptabilise près de 60 % du nombre total d'internautes, dépend de l'administration des Postes et Télécommunications, donc de l'Etat. Et ce dernier entend bien exercer un contrôle étroit des sites et des courriers électroniques. Ainsi, il bloque l'accès aux sites jugés politiquement ou moralement "dangereux", aux sites d'information étrangers et à ceux des organisations de défense des droits de l'homme créés par la diaspora vietnamienne. VDC contrôle, quant à lui, les sites visités par ses abonnés.
Selon des organisations d'opposition, le gouvernement communiste aurait même une politique active de piratage de sites indésirables. Le mouvement spirituel Hoahao affirme, par exemple, que les services de l'ambassade du Viêt-Nam à Singapour envoient des virus aux adresses e-mails de ses adeptes, ainsi qu'aux opposants de la diaspora.
Le gouvernement a par ailleurs interdit que l'usage d'Internet serve la contestation politique et permette de fomenter des actions hostiles contre le pays ou à même de déstabiliser la sécurité, de violer la morale, les lois et réglementations. Un message à destination des cyberdissidents.
Cinq cyberdissidents actuellement sous les barreaux.
Reporters sans frontières demande l'amnistie pour un cyberdissident vietnamien